Dragonfly+poèmes

Depuis l’âge le plus reculé, le temps où le temps n’existait pas, le temps des particules suspendues dans le vide sidéral, le temps de la solitude, pas même une molécule, pas encore l’eau ou le fer.
Tout tendait déjà vers une seule chose : la rencontre.

Depuis l’âge le plus reculé, après les premiers contacts percussifs, les premières valses d’atomes, les premières lueurs, les gerbes d’étincelles, les myriades de passions électriques.
Tout tendait déjà vers une seule chose : la lumière.

Depuis l’âge le plus reculé, quand les explosions se furent calmées, les poussières d’étoiles dispersées, les roches agrégées, les laves épandues, les eaux rassemblées.
Tout tendait déjà vers une seule chose : le mouvement.

Depuis l’âge le plus reculé, quand les eaux eurent globulé, les acides aminés, quand les cellules tentèrent la mitose, les membranes réussirent l’osmose, les feuilles créèrent la chlorophylle, les fleurs exhalèrent leur parfum, leurs graines inventèrent des stratagèmes / quand les roseaux apprirent à chanter. Quand l’humus eut collecté les débris de ces multiples tentatives.
Tout tendait déjà vers une seule chose : la vie.

 Depuis l’âge le plus reculé, quand le premier vivant rencontra la première vivante, avec leurs anneaux, leurs élytres, leur chitine, leurs yeux à facettes, leurs multiples pattes, leurs écailles brillantes, leurs ventres gluants, leurs nageoires fluides, leurs fanons immenses, leurs ailes diaphanes, leurs gorges duveteuses, leur fourrure soyeuse, leur peau chaleureuse, leurs lèvres charnues, leurs poitrines généreuses, leurs mains caressantes.
Tout tendait déjà vers une seule chose : l’amour.

Poésie harmophonique en collaboration avec Matthieu Amiguet et Barbara Minder des Chemins de traverse

www.lescheminsdetraverse.net

Recueils de poèmes